michel lafon
 
 
 
Eveilleurs d’occitan en Rouergue 1921-1970


En Aveyron comme dans tout le pays, les directives nationales et les interdits sous toutes les formes ont contribué à l’affaiblissement de la langue pratiquée naturellement. Il ne semble pas inutile d’en donner quelques témoignages récemment recueillis.
Mais ce qui est moins connu, parce que moins divulgué, ce sont les efforts déployés par quelques Rouergats pour faire connaître vraiment la langue d’oc, faire accepter le « patois » comme langue véritable et de grande richesse, et finalement la faire admettre comme digne d’être enseignée. C’est sur l’action de ces pionniers de « l’occitan à l’école » en Aveyron que nous centrerons le propos.
Quelques idées :
- Dès le XIXe, de nombreux écrivains,  conteurs, chanteurs et autres poètes ont porté haut les couleurs de la « lenga del paìs » : Aimé Vayssier et son dictionnaire, Jean Carbonnel et son lexique, l’abbé Justin Bessou (D’al brés a la toumbo) et bien d’autres encore dont Jean-Claude Peyrot, le prieur de Padinas dès le XVIIIème. Mais la véritable bataille pour l’introduction de la langue d’oc à l’école débuta avec la création par un groupe d’amis de la société félibréenne « Lo Grelh Roergas » le 6 mars 1921.
- Henri Mouly, Eugène Séguret, Pierre Carrère, Calelhon et quelques autres vont, des décennies durant, mener un véritable combat. Nous verrons comment ils se servirent de la presse départementale, répondirent à l’attaque du ministre de Monzie en 1925, développèrent une foule d’arguments contre les fossoyeurs des « patois » et pour l’introduction de l’occitan dans les écoles. A la lumière de quelques documents, nous essayerons de faire le point sur l’état de cet enseignement entre 1920 et 1940.
- Le coup de fouet donné par l’arrêté Carcopino en 1942 et la tenue du 1er congrès du Collège d’Occitanie à Rodez les 11 et 12 avril 1942, son contenu.
- La publication d’une revue pédagogique occitane Escòla e Terrador (1er janvier 1943) en direction des enseignants des 1er et 2ème degrés, son contenu, sa diffusion, son impact.
- La toute première création du Certificat d’Etudes Primaires en occitan en juin 1942  (reconduit en 1943 et 1944) : son contenu, les lauréats et le diplôme, le soutien de l’Inspecteur d’Académie.
- Après la guerre, l’action des adeptes de la pédagogie initiée par Célestin Freinet avec la présence de l’occitan dans les journaux scolaires et la création d’un livret de chants pour les écoles : E mai encara canta.
- Mais aussi l’interdit qui sévit encore sous différentes formes.
- Les 17,18,19 et 20 juillet 1951, au lycée Foch de Rodez, tenue du 1er stage pédagogique  des universités de Montpellier et de Toulouse qui faisait suite à la loi Deixonne.
- Années 1960, création du Cercle Culturel Occitan et de l’Institut d’Etudes Occitanes en Aveyron.
Après avoir dégagé les différentes actions en faveur de l’occitan à l’école, il semble juste de jeter un éclairage particulier sur l’équipe qui, tout au long de ces décennies, a mené la lutte, et surtout rendre hommage à son inlassable animateur Henri Mouly qui, pendant plus de cinquante ans, fut l’enthousiaste fédérateur de toutes les énergies qui ont bien voulu s’engager dans ce combat.
UNIVERSITÉ PAUL-VALÉRY MONTPELLIER III
RedOc
 
LAFON, Michel. “L'occitan e l'escòla en Avairon de 1800 a 1951: qualques idèias e testimoniatges”. Lengas, Université Paul-Valéry Montpellier III, n° 58, 2005, p.139-210.