marie-jeanne verny
 
 
 
L’école et l’occitan, de la réalité à sa représentation littéraire

Les études restent à approfondir concernant le rôle de l'école publique et de ses "hussards noirs" du début du siècle dernier par rapport aux langues dites régionales.
Les préjugés sont nombreux, dans un sens comme dans l'autre. L'interrogation des témoins révèle des attitudes souvent complexes, presque toujours contradictoires. 
Dans les nombreux récits de vie publiés à la fin du XXe siècle, il est fréquent que les mémoires d'école tiennent une place conséquente. L'entrée à l'école, pour les petits campagnards, avait une fonction initiatique, et, en tant que telle, marquait la mémoire et justifiait sa mise en récit. Parmi les éléments récurrents de ces récits, les allusions aux contacts de langues sont également fréquents. Le moment de l'entrée à l'école, comme l'entrée dans la salle de classe, parfois même simplement dans la cour de l'école, signifiait l'irruption d'une langue autre. 
En ce qui nous concerne, nous avons souhaité interroger les traces écrites de ces mémoires d'écoles. Nous nous sommes penchée sur trois types de récits :
- des récits autobiographiques, au sens étroit du texte, dont le narrateur est une figure de l'auteur ; 
- des récits d'inspiration autobiographique, dans lesquels le narrateur, malgré des masques que le texte s'applique à poser, est un calque presque parfait de la figure de l'auteur ; 
- à ces récits proches de l'autobiographie, nous avons souhaité ajouter la lecture d'œuvres de fiction : des romans régionalistes dans lesquels les scènes d'école tiennent une grande place. La raison en est simple : même si le statut de ces romans, et notamment leur rapport à la vérité du témoignage, est totalement différent de celui des autobiographies, la représentation des conflits de langue y est souvent comparable et révèle la prégnance des représentations.
Les auteurs des récits de vie ont tous pour particularité qu'ils ont, à un moment ou à un autre, quitté le lieu des origines, celui où l'occitan était la langue d’expression la plus fréquente, pour gagner le lieu de la langue dominante. Le déplacement peut être géographique (exil, à Paris généralement, ou plus généralement dans l’aire d’oïl, parfois tout dans une grande ville d’oc gagnée à la francisation) ou social (accession à l'instruction). Ce sont souvent des instituteurs, la plupart d'origine paysanne, qui parfois, interrogent leur mémoire pour revisiter leur propre entrée à l'école en tant qu'élèves. C'est ainsi que les contacts linguistiques –-conflictuels le plus souvent - se présentent sous des formes hétérogènes sous la plume du même locuteur. Cette particularité biographique s'applique également aux personnages principaux des récits de fiction, que nous avons lus en fonction de la conformité de leur cadre historico-géographique avec la réalité scientifiquement connaissable.
Les ouvrages que nous avons interrogés ont pour cadre narratif un espace social et linguistique que nous connaissons bien, celui du Nord de la Lozère et de l'Aveyron, ainsi que le Cantal.
UNIVERSITÉ PAUL-VALÉRY  MONTPELLIER III
RedOc
 
 
 
VERNY M.-J. — (2005) : en col. avec Alén-Garabato C., « L’Université, instrument de sauvetage de l’occitan », contribution au colloque “L’école, instrument de sauvetage des langues menacées ?”, organisé par le CRILAUP, Université de Perpignan, dir. Lagarde C.  et Burban C.,  sous presse.
— (2004) : en col. avec Cellier M. et Torreilles C., Entre deux langues. Autobiographie et bilinguisme, textes commentés, 144p. Paris : ADAPT.
— (2001) : « Une enquête en lycée : images et représentations de l'occitan », Enseigner la région, Actes du colloque organisé à l’IUFM de Montpellier 4-5 février 2000, pp. 317-327. Paris : L’Harmattan.
— (2001) : « Images et représentations de la langue et de la littérature occitane dans quelques manuels de français (1970-1995) », Lengas n° 49, U. Paul-Valéry, pp. 117-144.
— (1999) : en col. avec Martel P. et Escudier F.,  «Apprendre à parler en langue régionale pour devenir un citoyen», Tréma, octobre 1999, n° 15-16, Actes du colloque "Savoir, langages et citoyenneté", 4-5 décembre 1998, IUFM Montpellier, pp. 135-145,