bernard oyharçabal
 
 
UNIVERSITÉ DE PAU ET DES PAYS DE L’ADOUR CNRS, IKER-UMR 5478
 
 
L’instruction en langue basque : un petit livre scolaire datant de la période révolutionnaire, dans le prolongement de l’enseignement des petites écoles
 
 L'article se situe dans le cadre d'une recherche plus générale sur les conditions de la formation d'un lectorat en langue basque aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il est consacré d'une part à une présentation de l'enseignement populaire dans les petites écoles de Basse-Navarre, Labourd et Soule, d'autre part à l'édition d'un texte imprimé, sans date, mais remontant probablement aux toutes dernières années du XVIIIe siècle, et qui représente le premier opuscule scolaire connu rédigé en langue basque, en dehors des catéchismes.
L'enseignement des petites écoles a été peu évoqué jusqu'ici dans la littérature relative au Pays basque alors que c'est sans doute sur lui qu'a reposé, durant environ deux siècles, la littérature d'expression basque dans les milieux populaires. On peut en effet supposer que c'est dans ce cadre que s'est formé un lectorat bascophone, souvent peu ou pas du tout lettré, mais susceptible d'accéder à une telle littérature, principalement fondée sur l'édification religieuse, et largement constituée de rééditions.
Les principales sources regardant ces écoles, et exploitées dans l'article, sont constituées par les ordonnances d'administration religieuse publiées par Belapeyre en tête de son catéchisme souletin de 1696, et les comptes rendus des visites pastorales des évêques, tels qu'ils ont été réalisés au siècle dernier par Sérurier (1873-1874) et surtout Haristoy (1890-1891). Divers travaux relatifs aux conditions de l'enseignement de la lecture et de l'écriture en France (Ariès 1960, Furet et Ozouf 1977, Muchenbled 1990, Croix et Quiénart 1998), et singulièrement en Aquitaine (Butel et Mandon 1977, Poussou 1977) à cette époque, permettent de bien situer cet enseignement dans un cadre plus général, où l'on constate, à côté de l'enseignement disons classique, l'existence d'une scolarisation 1) pouvant être limitée à la lecture, 2) largement soumise au contrôle du clergé car associée à l'enseignement du catéchisme, 3) recourant essentiellement à la langue vernaculaire comme langue de lecture, 4) mise en oeuvre par un personnage peu qualifié et certainement mal rétribué, malgré le caractère public, ou semi-public de ces écoles, 5) et faisant apparaître des oppositions fortes, d'ordre géographique (ville vs campagne), sociale (petite bourgeoise vs artisans vs paysans) et sexuelle (enseignement masculin vs enseignement vs  féminin).